Infanticide à Labrousse an VII (suite 13).
Douziéme piéces
22 pluviose an 7 (10 février 1799)
Déclaration de témoin entendu devant le directeur du jury.
Cejourd'hui vingt deux pluviose an sept de la république française une et indivisible.
Pardevant
nous Pierre LAMOUROUX directeur du jury de l'arrondissement d'Aurillac, sont comparus Margueritte NOEL femme a Geraud VALET (1), témoins
appellés en vertu de la cédule par nous délivré le seize du courant a leffet de faire leur déclaration sur les faits et circonstances qui sont a leur connaissance au sujet du délit
énoncé au procés verbal dressé le vingt deux frimaire dernier, par l'agent municipal de la commune de Labrousse, et dont il leur a été faite lecture, les témoins susnommés ont fait leurs
déclarations ainsi quil suit.
Margueritte NOEL femme a géraud VALET (1) cultivateur demeurant au lieu de Drulhes commune de Labrousse, agée d'environ quarante ans, a dit n'étre parents, alliée, servante ni
domestique de la prévenue.
Et déclare que dans le courant de l'été dernier, elle s'était apperçue que Marie COUSSIN veuve Caranove ici présente qu'elle a dit reconnaitre, avait épaissi de maniére a faire presume qu'elle était enceinte.
Que aussi la belle mère de ladite COUSSIN lui avait eu fait part de ses douttes et de ses craintes a cet egard. Qu'autemps capté dans le procés verbal de l'agent municipal de la commune de Labrousse dont nous lui avons fait donner lecture et lorsque l'enfant mort trouvé dans le ruisseau du Dat, fut apporté chez le nommé BLANCOT, elle appris alors que ladite Marie COUSSIN s'était réellement accouchée, et qu'elle vit ainsi tenue en certitude le doute qu'elle avait eu de sa grossesse.
Que ce meme jour la belle mère de ladite COUSSIN lui dit, que celle ci était accouchée d'un enfant femelle, qu'elle lui ajouta ; qu'elle Françoise CAPREDON belle mère de ladite COUSSIN avait enterré l'enfant au fond d'un bois appellé de la Prunio ; que sur ce que la déclarante lui observa qu'elle était étonné qu'on ne l'eut pas fait enterrer dans le cimetiere, elle ne répondit rien a cette observation, mais ajouta qu'elle avait fait un grand creux dans l'endroit ou elle l'avait enterré, et l'avait ensuite recouvert d'une grosse pierre ; que la déclarante ne lui fit d'autre question dans le moment parcequ'elle était pressée pour mettre du pain au four.
Que quelques jours aprés, la déclarante fut chez ladite COUSSIN qu'elle trouva dans son lit ; qu'elle lui dit, eh bien Marie, vous disiez que vous n'aviez pas fait d'enfant, cependant vous avez fait une petite fille ; qu'alors Marie COUSSIN lui répondit, qu'on fasse de moi ce qu'on voudra j'ai donné l'eau a mon enfant (2).
Ajoute la déclarante qu'avant que l'enfant eut été trouvé dans le ruisseau, le bruit s'était répandu que ladite COUSSIN était réellement accouchée, quelque femme du
lieu, et toutes furent dans la maison de cette derniere pour faire rechercher l'enfant, et qu'on ne le trouva pas ; que du nombre de ceux qui accompagnérent les femmes dans la recherche étaient
le nommé Barthelemy de TERRY, et deux petite fille de ché PEYROU du lieu de Drulhes susdite commune de Labrousse. Et du nombre des femmes, la nommée Therese LAPARRA et Catherine DEMARTRES. Que
c'est tout cequ'elle a dit faire et a requis taxe qui lui a été faite de quatre francs cinq centimes et a déclaré ne savoir signé.
Signé : LAMOUROUX LABRO greffier.
(1) Le nom est VALIN ou VALENS et non VALET, erreur du greffier.
(2) Donné l'eau a son enfant : le baptisé, ce qui prouve que le bébé respiré à la naissance.
A suivre.