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Le blog de Lucie GARD

Infanticide à Labrousse an VII (suite 11).

9 Septembre 2010 , Rédigé par sitedelabrousse Publié dans #Procés infanticide an 7 ( 1798 )

neuviéme piéces
premier pluviose an 7 (20 janvier 1799)

Aurillac---Palais-de-Justice--1900-1910-.jpg
Interrogatoire de Marie COUSSIN, lune des prevenues
Interrogatoire subi cejourdhui premier pluviose an sept de la république française une et indivisible
Devant nous Pierre LAMOUROUX directeur du jury de l'arrondissement d'Aurillac j'ai Marie COUSSIN veuve d'Antoine CARANOVE, détenue en la maison d'arret dudit Aurillac, en vertu d'un mandat d'arret dressé contre elle par le juge de paix du canton de Vic, le vingt six nivose dernier (15 janvier 1799) ; laquelle nous avons fait extraire deladite maison d'arret. Et conduire par le concierge en la salle d'instruction criminelle ecrivant Jacques LABRO notre greffier.
Int.- Dire nom, prenom, age, profession et demeure.
A rep.- S'appeller Marie COUSSIN veuve d'Antoine CARANOVE habitant du lieu de Drulhes commune de Labrousse, étre agée de trente ans ou environ et étre propriétaire.
Int.- Depuis quel temps est-elle veuve.
A rep.- Qu'elle l'est depuis environ six ou sept ans.
Int.- Si elle connait le sujet de son arrestation.
A rep.- Qu'elle croit que c'est d'avoir fait perir un enfant dont elle etait accouchée.
Int.- Si elle sest effectivement accouchée d'un enfant, et dans quel temps. 
Arep.- Quil y a environ deux mois, plus ou moins, qu'elle accoucha d'un enfant femelle.
Int.- Si l'enfant dont elle accoucha était venu a terme.
A rep.- Qu'elle croit qu'il s'en fallait prés de deux mois que l'enfant fut a terme.
Int.- Sur ce qu'elle fit de l'enfant lorsqu'il fut né.
A rep.- Qu'elle était seule au moment qu'elle accoucha, qu'aprés fut-elle accouché, qu'elle voulut donner des soins a son enfant mais qu'elle ne lui connut aucun signe de vie ; qu'elle le garda entre ses bras pendant deux ou trois heures ; et qu'aprés s'etre assuré qu'il était mort, elle le porta au grenier, et le cacha dans une paillasse.
Int.- combien de temps l'enfant demeura caché, et si elle ne la fit pas enterrée.
A rep.- Qu'il resta quelques jours caché : que sa belle mère étant revenu a la maison, elle lui demanda l'enfant, s'appercevant qu'elle était accouchée, et qu'elle, déclarante, lui indiqua ou il était.
Int.- Si sa belle mère avait eu connaissance de sa grossesse.
A rep.- Qu'elle le lui avait avoué lorsqu'elle s'en était apperçue.
Int.- S'il y avait longtemps que sa belle mère s'était apperçue de sa grossesse.
Arep.- Qu'elle s'en était apperçue au moment que sa grossesse était devenue apparante.
Int.- Pourquoi l'enfant fut il gardé si longtemps dans la paille, et pourquoi ne le fit on pas enterré.
A rep.- Qu'on le gardait, en attendant que l'agent de la commune de Labrousse, qui habite a Lavergne, passat au lieu de Drulhes afin de le lui remettre pour le faire enterrée.
Int.- A elle observé qu'il n'est pas d'usage lorsqu'une personne morte, que l'agent de la commune vienne la prendre pour la faire enterrer surtout lorsqu'il n'est pas averti.
A rep.- Qu'elle ne fit point avertir l'agent, et ne pu nous donner la raison pour lesquelles elle avait gardé l'enfant caché quelques jours dans la paillasse.
Int.- A elle observé qu'elle ne dit point la vérité, parcequ'il est prouvé par le rapport de l'officier de santé ; dont nous lui avons fait donner lecture, en datte du vingt cinq frimaire dernier (15 decembre 1798), que l'enfant était né a terme, et qu'il avait été noyé.
A rep.- Que l'enfant était mort avant qu'il ne sortit de chez elle, qu'elle le remit a sa belle mère pour le faire enterrer ; qu'au surplus il est possible que l'enfant fut venu a terme mais qu'elle ne le croyait pas.
Int.- Ou était sa belle mère lorsqu'elle s'accoucha.
A rep.- Qu'elle était sortie du lieu de Drulhes pour aller chercher des étoupes pour filer, mais qu'elle ne sait ou elle fut ; qu'elle était partie la veille, et qu'elle revint le meme jour des couches de la répondante.
Int.- S'il n'est pas vrai que le jour meme qu'elle accoucha, une femme du lieu de Drulhes ne vint pas la voir, et s'était apperçue qu'elle venait d'accoucher, et l'ayant questionnée la dessus, elle ne le nia pas constament.
A rep.- Qu'en effet la nommée Margueritte, vint la voir, que s'étant aperçue qu'elle, répondante, était ensanglantée, lui en demanda la cause ; qu'alors elle lui répondit qu'elle avait eu une perte considérable.
Int.- Si avant ses couches, elle n'avait jamais nié sa grossesse aux personnes du lieu qui s'en étaient apperçues.
A rep.- Qu'on ne l'avait jamais questionnée sur sa grossesse ; et qu'elle ignore si on s'en était apperçu.
Int.- Si aprés ses couches le bruit s'en étant répandu dans le lieu de Drulhes, des voisins ne vinrent pas chez elle pour lui demander ce qu'elle avait fait de l'enfant.
A rep.- Que personne, autre que la Margueritte, ne vint chez elle.
Int.- S'il n'est pas vrai, qu'au lieu de donner l'enfant a sa belle mère, pour l'enterrer, elle ne lui avait pas conseillé de le jetter dans un puit.
A rep.- A dit et déclaré qu'il ny avait pas de puit dans le lieu, a l'exception d'un puit qui était fermé, et dont on ne se servait pas.
Int.- Sur ce que fit sa belle mère de l'enfant.
A rep.- Ne le savoir.
Int.- A elle observé qu'elle n'ayant dit la vérité, parcequ'il est prouvé par la déclaration des preuves, dont nous lui avons fait donner lecture, qu'elle avait caché sa grossesse et ses couches, que des personnes étant venue faire la recherche de l'enfant dont elle était accouché, sans l'avoir pu trouvé, elle dit ensuite a sa belle mère de prendre l'enfant et de le jetter dans un puit ou dans un ruisseau.
A rep.- A persisté a soutenir qu'elle n'avait dit a sa belle mère autre chose, sinon de faire enterrer l'enfant.
Plus avant n'a été interrogée, lecture a elle faite du présent interrogatoire et de ses réponses, a dit contenir la vérité, y a persisté, et a déclaré ne savoir signer.
Signé : LAMOUROUX  LABRO greffier

A suivre

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